L'affreuse Chenille
 

Une petite chenille velue, perchée sur la plus  haute feuille d'un mûrier, déjeunait avec appétit. Elle n'aperçut pas le merle  qui fonçait sur elle pour la manger ! Mais comme il était maladroit il la rata et la chenille dégringola du mûrier et tomba sur le sol.

-         ouf, pas de mal ! murmura-t-elle. Se tortillant de tous ses anneaux, elle parvint enfin à se remettre sur ses pattes.

Mais soudain, elle entendit ricaner derrière elle : une punaise, une araignée et une guêpe la regardaient en souriant.

-         regardez-moi cette petite ridicule ! dit la grosse araignée - c'est bien fait ! beurêêêrk ! un ver avec des poils ajouta la guêpe

-         je… je ne suis pas un ver, rétorqua la chenille. Je suis une che…. Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase car la grosse punaise lui coupa la parole

-         tais-toi ! les rampants sont nos inférieurs et ils nous doivent obéissance

-         fiche le camp ! dit l'araignée ou tu me serviras de dîner

La petite chenille ne pouvait qu'obéir et fit demi-tour. A chaque fois qu'elle apercevait un insecte, elle se cachait. Un jour elle vit pour la première fois son reflet dans la rosée d'une corolle de fleur :

-         Mon Dieu ! que je suis affreuse ! murmura-t-elle

Lorsque le soir tomba, la petite chenille n'avait pas cessé de sangloter. Epuisée, elle s'endormit. Quelques temps plus tard, elle s'éveilla. .

-         Où suis-je  ? Combien de temps ai-je dormi ? Que m'arrive-t-il ? je distingue à peine la clarté et je suis à l'étroit dans ma peau

L'araignée, la guêpe et la punaise qui passaient par là observèrent la petite chenille séchée qui se tortillait faiblement.

-         ne dirait-on pas l'affreux ver que nous avons rencontré il y a quelques semaines ? dit l'araignée

-         Serait-il en train de mourir ? questionna la guêpe ?

-         Bah ! de toute façon, laid comme il était ce n'est pas une grosse perte ricana la punaise

Un craquement sinistre retentit, faisant reculer les trois spectateurs. Le bizarre objet séché n'était que la chrysalide de l'affreuse petite chenille. Le cocon, en se déchirant, libéra un énorme papillon. . Il déploya toutes grandes ses ailes multicolores et toisa les trois médisants

-         Cancanez et ricanez à votre aise, mes pauvres amis !. dit le papillon. Je vous plains, vous, qui toute votre vie devrez fuir devant ceux qui veulent vous exterminer ! à présent, l'affreuse chenille vous salue et s'en va folâtrer….

Le beau papillon prit son envol. Le déplacement d'air de ses battements d'ailes fit basculer les trois insectes ébahis. Alors, en promenade, ne chassez pas les papillons. Ils souffrent assez pour naître !